Se diriger vers une carrière en soins infirmiers, cela s’est rapidement avéré être une évidence pour Alexis Parent (sciences infirmières 2008 et 2019), aujourd’hui infirmier praticien spécialisé en soins aux adultes (IPSSA) en oncologie médicale au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Un IPSSA qui se mobilise pour mieux faire connaître le rôle que jouent les infirmières praticiennes dans l’amélioration de la qualité et de l’efficacité des soins apportés aux patients.
« J’ai toujours voulu travailler dans le milieu de la santé, raconte-t-il. Plus jeune, j’ai été hospitalisé et certains membres de ma famille également. Ces expériences personnelles m’ont fait passer du temps dans les couloirs des hôpitaux. Pour moi, ce milieu était fascinant. Ce qui m’a finalement amené vers les soins infirmiers, c’est la relation profonde que l’on peut développer avec les patients. »
Cette relation profonde, il l’observe particulièrement en oncologie. Les personnes qui passent la porte reçoivent un diagnostic qu’elles ne pensaient jamais recevoir, et ce, même si deux Canadiens sur cinq seront atteints d’un cancer au moins une fois dans leur vie.
« On voit ces personnes tous les jours. On les voit dans les meilleurs moments comme dans les pires. On voit aussi les résultats de nos interventions. Il y a une relation thérapeutique qui s’établit, mais parfois, nous recevons aussi des confidences. J’ai beaucoup à apprendre d’elles. Elles me font grandir professionnellement, mais aussi personnellement. »
Un déclic
Après l’obtention de son baccalauréat en sciences infirmières en 2008, Alexis est tour à tour infirmier en oncologie, infirmier en suivi systématique de la clientèle en soins palliatifs, assistant infirmier-chef en oncologie, infirmier aux soins intensifs et infirmier-chef d’unité au Centre hospitalier de l’Université de Montréal. Des expériences qui lui permettent de parfaire ses compétences, mais il a vite envie d’aller plus loin.
« Je me sentais limité dans les actes que je pouvais poser et les décisions que je pouvais prendre en tant que clinicien, explique-t-il. Entre-temps, le statut d’infirmière praticienne spécialisée (IPS) a fait son apparition, mais n’existait pas en oncologie et je ne comprenais pas pourquoi. Les besoins des patients sont énormes et il n’y a pas assez d’oncologues pour y répondre. »
Afin de mieux soutenir sa clientèle, Alexis obtient la certification en soins infirmiers en oncologie de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada et multiplie les formations. Il retourne finalement aux études, à la maîtrise, dans le but de collaborer à la mise en place du programme d’IPS en oncologie. Toutefois, il réalise assez vite que le nombre de candidatures reçues ne serait pas assez important pour rendre cette formation viable pour une faculté. La solution arrive en 2017, avec la mise sur pied du programme d’IPSSA à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal. Il postule et en ressort diplômé deux ans plus tard.
« Cette formation a tout changé pour moi, confie-t-il. Aujourd’hui, je peux demander des examens diagnostics, lire les résultats, poser des diagnostics, émettre un plan de traitement, procéder à des techniques invasives. J’ai beaucoup plus de latitude pour pouvoir intervenir. Je ne dépends plus d’un médecin pour prendre des décisions. Je travaille en collaboration avec le médecin et avec l’équipe multidisciplinaire. Ça aide au niveau de la continuité des soins, au niveau de la rapidité d’exécution, au niveau de la durée d’hospitalisation; ça aide à plein de niveaux. »
Des défis liés à la COVID-19
Deux IPS en oncologie pratiquent désormais au CUSM : sa collègue, Andréane Chevrette (sciences infirmières 2006, 2009 et 2021), qui travaille avec la clientèle en ambulatoire, et lui, avec la clientèle hospitalisée. Il y travaille depuis mai 2020. Arrivé au plus fort de la pandémie de COVID-19, il raconte ses premiers mois au CUSM, alors que les visites étaient interdites, ou presque, et que les patients arrivaient plus malades qu’à l’habitude parce qu’ils attendaient trop longtemps avant de se présenter aux urgences par crainte d’attraper le virus à l’hôpital.
« Ça a créé plein de défis, confie-t-il. Quand tu dois annoncer à un patient qu’il n’y a plus de traitement en chimiothérapie possible et qu’on s’en va vers les soins palliatifs alors que les visites sont limitées… Les patients n’avaient pas le soutien de leurs proches. J'ai souvent vu des personnes seules dans leur chambre. On essayait de passer plus de temps avec elles pour les accompagner, mais c’était difficile. Il y avait beaucoup de souffrance, mais je dirais que toute l’unité était très unie. On essayait de trouver des façons de mieux humaniser les soins. »
De la place pour les IPS
Alexis affirme que depuis une dizaine d’années qu’elles sont sur le plancher – et encore bien plus dans le reste du Canada et aux États-Unis – les IPS ont su faire leur place et démontrer qu’elles sont un maillon important dans la prise en charge des patients. S’il y a certainement encore des secteurs et parfois des médecins qui ne sont pas très ouverts aux IPS, il croit que de nombreux services seraient prêts à en accueillir s’il y avait des candidates.
« Alors, si j'avais quelque chose à dire aux infirmières cliniciennes qui souhaitent continuer leur développement professionnel et renforcer leurs champs de pratiques afin de répondre davantage aux besoins de leur patientèle, ce serait de ne pas hésiter à se lancer dans un des programmes d’IPS », conclut Alexis.
Rédigé par Hélène Roulot-Gazmann, décembre 2022.
À la demande du Réseau des diplômés et des donateurs pour la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal.