Les mini-écoles de la santé sont une initiative du Dr Stanley Vollant qui a dirigé le programme de santé autochtone à la Faculté de médecine de 2011 à 2014. Dès la première année de son mandat, il proposait une mini-école de médecine d’un jour à Manawan. En 2013, on a décidé d’élargir le projet à d’autres disciplines du domaine de la santé et des étudiants d’autres facultés et départements se joignaient à ceux de médecine ; un groupe de sciences infirmières était du nombre [1].
Le 26 mars dernier, la mini-école s’installait dans le gymnase de l’école primaire de Manawan. L’activité visait à augmenter la littératie [2] en santé chez les enfants de la réserve, de promouvoir de saines habitudes de vie et une meilleure compréhension des différents rôles professionnels du vaste monde de la santé. Pour les étudiants qui y participaient, elle avait pour objectif de soutenir le développement de la compétence culturelle et leur permettre de découvrir certaines réalités autochtones souvent méconnues.
De Montréal, on atteint Manawan après cinq heures de route. La réserve est sitée dans la région de Lanaudière et abrite une communauté autochtone atikamekw. Cette communauté est un peu mieux nantie que la majorité des autres communautés autochtones. Néanmoins les enfants et les jeunes de la réserve font face à plusieurs obstacles à la poursuite des études ainsi qu’à l’accessibilité à l’emploi. Les enfants ont donc très peu d’opportunités de côtoyer des étudiants de niveaux postsecondaires, ce qui stimulerait la poursuite de leurs études jusqu’à l’université. De plus, les communautés autochtones sont encore sous-représentées parmi les intervenants œuvrant dans le domaine de la santé. Cette activité cherche donc à stimuler un intérêt pour ces professions. Lors de cette journée de découverte, on a regroupé des étudiants de tous les domaines de la santé : médecine, sciences infirmières, ergothérapie, physiothérapie, travail social, santé publique. Tous ont préparé une présentation pour les enfants par l’entremise d’activités ludiques à caractère pédagogique. Les enfants pouvaient se déplacer librement d’un kiosque à l’autre pour y faire la découverte de différents thèmes liés à la santé et aux professions qui y sont associées.
La Faculté des sciences infirmières (FSI) était représentée par sept étudiants : Camille Bérubé, Geneviève Groulx, Sabrina Jean-Charles, Sabrina Moreau, Tony Nguyen, Marie-Evangeline Pouyer-Crosthwait et Pascale Tinle. Les jeunes de Manawan ont eu l’occasion de découvrir différents aspects de la profession infirmière via différentes activités dans trois kiosques thématiques.
Le premier kiosque offrait l’écoute de son propre cœur avec un stéthoscope et l’initiation à l’évaluation infirmière, une course à l’habillement d’isolement de prévention et contrôle des infections, puis la présentation de l’écocarte-génogramme pour une famille et communauté en santé. L’activité de l’écocarte-génogramme permettait aux enfants de dessiner leur propre famille « comme les infirmières » et de nommer les éléments qui rendent leurs familles heureuses et en santé. Cette activité a donné naissance à plusieurs conversations très intéressantes.
Le deuxième kiosque permettait aux jeunes de s’initier aux techniques de soin de plaie sur de fausses plaies et de manipuler des outils pour les prises de sang, et ce, sans aiguilles! Le kiosque des techniques de soin de plaies a su attirer beaucoup de petits garçons et a même suscité entre eux une compétition, à savoir lequel allait avoir le plus beau pansement!
Enfin, le troisième kiosque offrait la possibilité aux jeunes de « voir » les bactéries sur leurs mains avec la lumière UV. Il y avait aussi l’activité de promotion des saines habitudes alimentaires où les enfants devaient lancer le contenant vide d’un aliment par la fenêtre d’une façade en carton coloré, indiquant ainsi s’ils sont bons ou mauvais pour la santé. À la fin de la journée, nous avons pu aussi visiter le dispensaire (clinique/hôpital) de la communauté. Les enfants et la communauté ont beaucoup apprécié les kiosques de tous les étudiants et nous avons eu droit à un repas et des chants traditionnels atikamekw avant notre retour en autobus.
Nous remercions la FSI, en particulier les laboratoires pour le matériel prêté, les professeurs pour nous avoir libérés de nos cours et la faculté pour son soutien aux préparatifs.
Propos recueillis auprès de Marie-Evangeline Pouyer-Crosthwait,
étudiante de troisième année au baccalauréat en sciences infirmières