« L’idée, c’est de recréer des situations que les professionnels de la santé vivent ou vont vivre dans leur vraie vie. Sauf qu’ils la pratiquent de manière sécuritaire et contrôlée, mais très fidèle à la réalité, sur des mannequins, des robots. »
Concrètement, le centre EXeSS dispose, par exemple, sur ses trois campus de Montréal, Laval et Brossard , des locaux semblables aux unités de soins critiques (soins intensifs, urgence, salle de réanimation) équipés de civières, d’un réseau de moniteurs cardiaques, de respirateurs artificiels, de défibrillateurs et de toutes les autres technologies qu’on retrouve dans ces milieux de soins. Les mannequins – bébés et adultes – y reproduisent presque parfaitement les réponses physiologiques de patients réels (respiration, rythme cardiaque, circulation sanguine, etc.).
« Ils peuvent simuler un arrêt respiratoire ou encore un accouchement, raconte M. Abbad. Le bébé sort, il peut y avoir une hémorragie, il y a du sang, du liquide rouge en réalité. On peut mesurer la fréquence cardiaque, le robot peut uriner, on peut donner de la médication à laquelle le patient va répondre plus ou moins bien. Et au cœur de tout cela, il y a partout notre équipe de SimTechs. »
Des solutions ingénieuses et novatrices
Ainsi, les professeurs et les conseillers en formation imaginent des situations d’apprentissage et les SimTechs vont d’une part choisir le meilleur équipement, la meilleure salle, les meilleures fournitures et planifier les commandes, et d’autre part, personnaliser les mannequins pour que ceux-ci réagissent aux interventions comme s’ils étaient vraiment vivants. Pour ce faire, toutes les techniques sont permises, des plus mécaniques aux plus technologiques avec l’arrivée aujourd’hui de la réalité virtuelle et même de l’intelligence artificielle.
Quatre SimTechs travaillent au centre EXeSS, chacun avec sa spécialité, mais tous avec un grand talent de créativité, des prédispositions à trouver des solutions ingénieuses et novatrices et un goût prononcé pour le travail manuel. Parmi eux, Frédéric Rochette, cuisinier de formation, qui attaque sa dix-huitième année à la faculté des sciences infirmières.
« Mon truc, c’est la tuyauterie et le collage , explique-t-il. Tous les jours ou presque nous apportent de nouveaux défis. On nous demande de créer des options que même la compagnie qui fabrique les mannequins n’avaient pas imaginées. Il faut constamment réfléchir, individuellement, mais aussi en équipe, pour mutualiser nos idées. Parfois, c’est pendant un moment de somnolence, la nuit, que je trouve mes solutions. On sort constamment de notre zone de confort. C’est ce qui me motive. »
Brahim Chouib a quant à lui étudié la finance avant de se retrouver au centre EXeSS. Selon, lui il n’y a pas d’école pour devenir SimTech.
« Depuis tout petit, je suis un touche-à-tout, raconte-t-il. J’aime la plomberie, l’électricité, l’électronique, etc. Mais surtout, on est une équipe, et tout le monde a ses points forts. On développe nos connaissances jour après jour, selon le besoin et l’évolution des technologies. On essaie de reproduire ce que l’on voit dans la vraie vie. Et sans vouloir vanter notre équipe, au final, ça fonctionne toujours! »
Une équipe multi-primée
Rafik Bouteldja et Djilali Sedoud complètent l’équipe de SimTechs du Centre. En plus du travail en amont, tout quatre interviennent également durant les exercices de simulation au cas où un équipement se briserait.
« Nous avons une belle collaboration avec eux, confie Geneviève Dottini, conseillère de formation en laboratoire d’enseignement. Ils cherchent toujours des solutions pour que nos scénarios fonctionnent, ou, lorsque ça n’est pas possible, ils nous reviennent avec une alternative. Et puis, ils nous montrent également ce qu’ils remarquent lorsque la simulation est terminée. Par exemple, une fois, ils avaient trouvé des aiguilles dans les poubelles. C’est dangereux, on ne doit pas le faire. Grâce à eux, j’ai pu revenir sur cet élément avec mes étudiants. »
Une équipe exceptionnelle donc, qui a logiquement reçu plusieurs prix au fil des ans. Frédéric Rochette s’est notamment vu remettre en 2015 le prix Coup de cœur du recteur dans la catégorie « Initiative ». Et en 2019, c’est l’ensemble de l’équipe du Centre EXeSS, incluant les SimTech, qui s’est vu remettre le prix d’excellence en enseignement, catégorie « innovation ».
Un cocktail aura lieu le 28 septembre prochain dans le centre EXeSS du campus Guy-Joron à Laval. Les invitations ont été envoyées aux diplômés et diplômées de la FSI.
Par Hélène Roulot-Ganzmann