Ysemena Robert a travaillé pendant 13 ans comme infirmière au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). Durant ces années, elle a occupé différentes fonctions : assistante-infirmière chef par intérim, conseillère en soins infirmiers, préceptrice et monitrice de stage auprès des étudiants de 1er cycle de la Faculté des sciences infirmières (FSI) de l’Université de Montréal (UdeM).
Depuis peu, elle est infirmière en chef dans une coopérative religieuse et souhaite explorer la portée de l’approche de soins interculturels dans le système de santé québécois.
« J’ai eu un patient d’origines italienne et portugaise, explique-t-elle. C’était une personne âgée et vulnérable qui présentait plusieurs comorbidités, en plus d’avoir de la difficulté à avaler. Compte tenu de son état fragile, l’équipe de soins a voulu cesser les traitements actifs qu’elle ne jugeait plus nécessaires pour le patient. Sa fille ne voulait pas arrêter les soins, sa femme non plus, mais elle ne souhaitait pas que son mari souffre. Pour la famille, c’était important de continuer à le nourrir, car leur croyance culturelle en matière de santé se définissait en leur capacité de s’alimenter. Les équipes de soins ont continué à travailler avec cette famille, mais il n’y a pas eu de solutions concrètes mises en place pour la soutenir. »
Ysemena Robert s’est entre autres inspirée de ce cas clinique complexe pour poursuivre ses études aux cycles supérieurs dans l’option Formation à la FSI, de 2013 à 2016. Son projet de maîtrise portait sur une démarche d’intégration d’activités éducatives visant le développement de la compétence culturelle auprès des personnes vivant des expériences de fin de vie.
« Mon expertise en soins culturels m’a amenée à travailler pendant 2 ans en étroite collaboration avec la conseillère-cadre en soins palliatifs au CHUM sur une formation visant à sensibiliser et à outiller le personnel infirmier sur l’importance de l’accompagnement culturel en fin de vie, souligne-t-elle. »
Prendre soin de soi pour prendre soin des autres
Pour Ysemena Robert, le rôle du personnel infirmier est crucial dans l’accompagnement en fin de vie, peu importe les circonstances : « Les soins de fin de vie, c’est partout, pas seulement dans les soins palliatifs, et la pandémie a amené son lot de complications. »
Parmi ces complications, elle mentionne la préparation mentale inégale des professionnels de la santé pour accompagner les personnes en fin de vie, les fausses croyances qui circulaient sur les réseaux sociaux et le bombardement d’informations auquel ils faisaient face au quotidien.
C’est dans cet environnement incertain que son rôle de conseillère en soins infirmiers l’a menée dans le feu de l’action, soit dans l’unité de l’équipe de dépistage mobile au CHUM, au début de la 1re vague de COVID-19.
« Ce rôle m’a permis d’intervenir autrement avec les équipes de soins et de créer une relation de confiance plus forte au sein d’équipes fragilisées, confie-t-elle. On a aussi coaché le personnel sur l’utilisation de l’équipement de protection individuelle et même formé des médecins pour prendre soin de patients pendant la COVID-19. »
Elle est convaincue que ce que le CHUM a été en mesure d’accomplir jusqu’à présent est admirable afin de rassurer le personnel, soutenir les familles à distance et les éduquer sur les normes de prévention et de contrôle des infections lors de l’accompagnement de leurs proches en fin de vie. Sa philosophie pendant cette épreuve : « Soit on tombe, soit on aide les autres à se relever. »
Une passion pour la relève
Même si elle a quitté le milieu hospitalier, Ysemena Robert ne compte pas diminuer son engagement envers la relève infirmière. Sa passion pour la formation de ceux qu’elle appelle les leaders de demain influence grandement ses choix professionnels et personnels. Elle est par ailleurs auxiliaire d’enseignement et chargée de cours à la FSI.
« Être infirmière, c’est le plus beau métier du monde!, s’enthousiasme-t-elle. On a la capacité de réellement améliorer la qualité des soins aux patients. Mon conseil pour la relève : donnez-vous le temps d’explorer les différents champs de notre pratique, prenez position pour la personne, exercez votre plein potentiel de leadership clinique, ayez du plaisir à apprendre et n’ayez pas peur de la différence. »
En quelques mots, Ysemena Robert…
Mon meilleur souvenir de l’UdeM : C’est le sentiment d’accomplissement personnel et professionnel pendant mes études.
Un professeur ou un cours de l’UdeM : Alain Legault, mon directeur de maîtrise, c’est un passionné! Son approche facilite la transition en ce qui a trait à l’apprentissage, et il croit au potentiel de ses étudiants.
Une passion : Vous l’avez deviné, c’est la relève! La réussite de l’autre, c’est aussi ma réussite.
Une source d’inspiration : J’ai 5 frères et sœurs, 13 nièces et neveux; je suis une fille de famille. Ma famille me permet de grandir.
Une ville : N’importe où en Égypte, je suis fascinée sans y être allée!